CALLOCH Jean Pierre | Je suis né au milieu de la Mer







JE SUIS NE AU MILIEU DE LA MER


Yann Ber Calloc’h, enfant de Groix, né au milieu de la mer, a écrit en 1913 ce texte célèbre, plus tard mis en musique.


Me zo ganet e-kreiz ar mor, Teir leo er-maez ; Un tiig gwenn du-hont am eus, Ar banal ‘gresk e-tal an nor Hag al lann a c’hol’an avaez. Me zo ganet e-kreiz ar mor E bro Arvor.


Ma zad a oa ‘el e dadoù, Ur martolod ; Bevet en deus kuzh ha diglod – Ar paour ne gan den e glodoù – Bemdez-bemnoz àr ar mor blot. Ma zad a oa ‘el e dadoù Stlejour rouedoù.


Ma mamm ivez a laboura – Ha gwenn he bleo – Ganti ar c’hwez àr hon taloù, Desket em eus, bihanik tra, Medi ha tenni avaloù. Ma mamm ivez a labour(a) D’ounit bara.


O deizioù mam bugaleerezh Pand aen, dilui Gant mamm da redek an irvi Pe gant ma zad d’ar beskerezh Men ez oc’hc’hwi ? O deizioù mam bugaleerezh, Na dous e oac’h !


C’hwec’h ‘oamp neuze, santez Mari, Ar-dro d’an daol ; Yac’h ha laouen e vevemp holl. Da Zoue ha deoc’h e tougemp bri. Bremañ emañ kemmet an taol.


C’hwec’h ‘oamp neuze, santez Mari : N’omp mui ‘met tri…


Hon eurvad zo aet kuit ‘n un arc’h Er vered parrez da gousket… Hag ennon e c’hanas ur barzh. Ar Maro àr an nor ‘n deus stoket… Ne ouelin ket !


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Je suis né au milieu de la mer, trois lieues au large ; J’ai une petite maison blanche là-bas, Le genêt croît près de la porte, et la lande couvre les alentours. Je suis né au milieu de la mer, au pays d’Armor. Mon père était comme ses pères un matelot. Il a vécu obscur et sans gloire, – le pauvre, personne ne chante ses gloires – Tous les jours, toutes les nuits sur la mer souple. Mon père, était comme ses pères, traîneur de filets. Ma mère aussi travaille malgré ses cheveux blancs ; Avec elle, la sueur de nos fronts, j’ai appris, tout petit, à moissonner et à arracher les pommes de terre ; Ma mère aussi travaille pour gagner du pain. O jours de mon enfance, quand j’allais alerte, avec ma mère courir les sillons, où avec mon père à la pêche, Où êtes-vous, où êtes-vous ? O jours de mon enfance, que vous étiez doux ! Nous étions six alors, sainte Marie ! Autour de la table, En bonne santé et joyeux nous vivions tous. Nous vous vénérions Dieu et Vous. Maintenant tout cela est changé. Nous étions six alors sainte Marie ! Nous ne sommes plus que trois. Notre bonheur est parti dans un cercueil Dormir au fond du cimetière de la paroisse… Et en moi un poète naquit. La Mort a frappé à la porte… Je ne pleurerai pas.


Bernez ROUZ.


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